Dernièrement, je suis allé voir l'exposition sur les phares au Musée de la marine, au Palais de Chaillot. C'était l'occasion pour moi de repasser voir les collections permanentes que je n'avais pas vues depuis des années, et de saluer brièvement l'ancien palais du Trocadéro (voir les précédents posts à ce sujet) :
La verrière du côté du Musée de la marine, et côté Cité de l'architecture, les colonnes du pavillon d'entrée, que je n'avais jamais montrées et qui datent bien du premier édifice mais qui ont été dissimulées lors de la profonde modification de 1937. Ces colonnes restent cachées côté Musée de la marine. Les deux pavillons de chaque côté de la place flanquaient autrefois l'énorme salle de spectacle centrale, aujourd'hui disparue. On pouvait passer d'un côté à l'autre du Trocadéro en empruntant ces sortes de passages à colonnes.
C'était aussi l'occasion de voir certaines curiosités fort steampunkiennes au milieu de toutes ces merveilleuses maquettes de bateau, sous-marins, dirigeables... (N'oubliez pas de cliquer sur les photos pour voir des plus grandes versions.)
Un des premiers scaphandres, datant de la fin du XIXe siècle (qui n'a jamais servi, et on comprend un peu pourquoi !), et le détail d'une maquette d'un navire du XIXe siècle, avec sa coque renforcée de métal.
L'exposition des phares elle-même, si elle manque à mon sens de nombreuses photos actuelles, grand format, de phares du monde entier, est très intéressante et comprend un grand nombre de pièces que l'on n'a pas souvent l'occasion de voir, comme d'énormes lentilles, des maquettes, des documents d'époque... Elle retrace l'histoire de la construction des phares, l'avancée des techniques, la vie des hommes y travaillant, etc. En particulier, une carte interactive indiquant la position des phares en France à une date précise, avec leur portée, est tout à fait bluffante : en allumant progressivement les phares qui se construisent principalement entre le XIXe et le XXe siècles, on découvre petit à petit tout le littoral de la France qui s'éclaire progressivement. Au début, il est difficile de bien distinguer les côtes, alors que la carte d'aujourd'hui permet de retracer très précisément tout le contour, comme si ce n'était qu'une simple ligne de lumière, et non des petits points éparpillés le long des côtes.
Au cours de la visite, il est possible de découvrir de nombreux rapprochements avec les avancées des techniques montrées lors des expositions universelles. Notamment, il est mentionné la construction et le rayonnement, sur la place du Trocadéro, en 1848, du Dépôt des phares de Paris, dans lequel ont été effectuées une grande majorité des recherches sur les phares, comme la mise au point des lentilles de Fresnel . Le bâtiment était surmonté d'un vrai phare, en plein Paris... Ce bâtiment a été détruit dans l'indifférence générale... en 1992 ! Donc hier...
Ces photos proviennent du site Etats des lieux , où je vous invite à faire un tour pour y découvrir d'autres photos de ce monument et d'autres phares
C'est aussi à l'exposition universelle de Londres de 1862 que fut présenté le projet du phare Amédée, construit intégralement en métal et destiné à la Nouvelle Calédonie. Son frère jumeau a d'ailleurs été assemblé sur les lieux de l'exposition universelle de 1867 à Paris, avant d'être installé dans les Côtes d'Armor en 1868 puis détruit en 1944...
L'exposition universelle de 1867 avec le phare, à gauche
© LL / Roger-Viollet. www.parisenimages.fr
La construction du phare à l'expo universelle de 1867, et la maquette présentée à l'occasion de l'expo de Londres de 1862, et présente actuellement à l'exposition des phares au Trocadéro
Conçu par Léonce Reynaud et construit par François Rigolet, ce phare de 52 mètres de haut est une véritable prouesse en 1865 (date de son assemblage sur le site définitif), soit plus de 20 ans avant la Tour Eiffel... On doit à François Rigolet, dont les ateliers étaient situés du côté des buttes Chaumont, le jardin d'hiver des Champs Élysées (1847) et les bains de mer de Dieppe. On aura sans doute l'occasion de revenir sur le premier, qui est un précurseur des constructions monumentales françaises des expositions universelles.
Ce phare est aujourd'hui un des seuls au monde de cette taille à être construit en métal (il y a aussi le phare néerlandais Lange Jaap). Certes l'emploi du fer n'est pas la meilleure idée pour la construction des phares, pour des raisons évidentes de corrosion, mais il était assez fréquent de construire à cette époque des phares en fer dans les colonies, où les matériaux traditionnels sont parfois trop coûteux à mettre en oeuvre.
Le phare Amédée, aujourd'hui, sur l'ilôt Amédée (photo Wikimedia)
(photo Eustaquio Santimano - CC BY 2.0)
(photo Eustaquio Santimano - CC BY 2.0)
Pour ceux qui sont intéressés par l'exposition sur les phares, dépêchez-vous, c'est jusqu'au 4 novembre 2012 :
Site du Musée de la marine
Et pour ceux qui veulent en savoir plus sur le phare Amédée, je vous conseille ce livre, Le phare Amédée , de Vincent Guigueno et Valérie Vattier, aux éditions Points de vue. Richement illustré, bourré de photos, de cartes et de documents d'époque, et comprenant pleins d'infos sur ce phare en particulier, mais aussi l'histoire des phares en général, l'expo de 1867, et le Dépôt des phares, c'est une véritable référence.