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Paristeampunk
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25 février 2017

La galerie des machines de 1889

Fiche galerie des machines

1889_galerie des machines16

Depuis que ce site existe, le mot-clé le plus utilisé pour s'y rendre est "galerie des machines", or je n'ai jusqu'à présent jamais fait d'article exclusivement consacré à ce bâtiment emblématique des Expositions universelles de Paris (jusqu'à présent uniquement quelques photos et peintures montrant essentiellement l'ampleur du bâtiment). Voilà de quoi y remédier.

Des galeries des machines, il en a existé un certain nombre avant 1889. Il y en avait déjà une à l'Expo de 1855, la première française. C'était une galerie assez étroite, mais faisant 1,2 km de long, placée sur les bords de la Seine, derrière le Palais de l'industrie. On en parle dans cet article sur l'Expo de 1855, et on la revoit dans la comparaison des palais des Expos.

Le nom "galerie des machines" a été utilisé par la suite pour nommer tout palais ou édifice qui rassemblait les différentes inventions dans les domaines industriel et technique (moteurs, machines à vapeur, etc.). En 1878, ce sont deux vastes bâtiments qui jouxtent le gigantesque Palais du champ de Mars. Mais l'édifice construit pour l'Exposition universelle de 1889 restera dans les mémoires pour ses prouesses architecturales et ses dimensions hors du commun, s'accaparant définitivement cette dénomination.

1889, c'est bien sûr la Tour Eiffel, mais c'est aussi le Palais des Beaux-Arts et celui des Arts libéraux, construits par Jean Camille Formigé (l'architecte des Serres d'Auteuil), et le Palais des industries diverses, par Joseph Bouvard, avec son dôme central aux lumineuses ossatures métalliques peintes en bleu, qu'on a déjà vu dans cet article. Un passage, la galerie de 30 mètres, le relie à un autre dôme, vu dans cet article, qui lui-même flanque un vaste édifice installé sur toute la largeur du Champ-de-Mars, juste en face de l'Ecole militaire : la Galerie des machines.

1889_Etat actuel (oct 1888) des travaux_in L’Exposition de Paris-Librairie Illustrée

Vue générale de l'Exposition universelle de 1889. On distingue de gauche à droite le Palais du Trocadéro à gauche (1878), la Tour Eiffel centrale, les deux palais de Formigé de chaque côté du Champ-de-Mars, puis le Dôme central, diverses galeries latérales, et enfin l'imposante Galerie des machines
(in L'exposition de Paris, Librairie illustrée)

1889_Exposition_universelle_Plan-guide_de_l'exposition_[

Plan de l'Exposition universelle de 1889. La Galerie des machines est ici tout à gauche. La majorité du Champ-de-Mars est recouvert des palais et pavillons de l'exposition
(Document Gallica.bnf.fr)

La galerie des machines est un exploit architectural aux proportions inégalées à l'époque. Il s'agit d'un immense hall sans appui intérieur, constitué de 20 fermes triangulées en acier, articulées aux pieds et au faîtage, une technique habituellement utilisée pour les grands ponts. Du fait de ces pivots à leurs pieds, les arches sont plus fines à la base qu'à leur sommet, ce qui donne toute l'originalité à l'édifice et à son architecture. Certains trouvèrent à l'époque l'ensemble peu élégant et donnant une étrange impression de fragilité et d'instabilité. D'autres saluèrent la légèreté de l'édifice et l'immensité de son espace intérieur. Vide, la galerie des machines semble léviter au-dessus du sol, tant ses pieds sont discrets.

1889_Galerie des machines vide

L'espace intérieur, vide, de la Galerie des machines. La hauteur de la voûte comparée aux minuscules formes humaines au centre renforce l'aspect gigantesque de l'édifice
(photo Chevojon, 1889)

1889_Galerie des machines_construction plan

Plan de la Galerie des machines et détail de l'installation des pieds articulés des fermes

1889_Galerie des machines_construction plan 2

Installation des demi-fermes (on distingue sur ces plans l'articulation du faîtage reliant chaque moitié des fermes)

1889_Galerie des machines_elevation

Détail et dimensions des fermes

1889_entree-galerie-des-machines

Plan en élévation de la façade

Ainsi, avec une portée record de 115 m, pour une hauteur de 48,3 m (45 sous clef), l'édifice possédait les plus grandes voûtes au monde. Jusqu'alors, le record était détenu par la Gare Saint-Pancras de Londres, datant de 1868 et avec des fermes ayant une portée de 73 m pour une hauteur de 25 m. Les dimensions totales de l'édifice étaient de 115 × 420 m, soit une superficie de 8 hectares. Les surfaces vitrées quant à elles s'étendaient sur 34 700 m² (pour comparaison, le Grand Palais en a 14 900 m²). Son poids total était de près de 7 800 tonnes (la Tour Eiffel, elle, ne pesant "que" 7 300 t, le Grand Palais ayant quant à lui plus de 9000 t d'acier). Son coût final s'est élevé à près de 7,5 millions de francs (un peu moins que la Tour Eiffel, qui a coûté près de 8 millions).

1889_Galerie des machines_D’après photo M

Façade de la Galerie (gravure d'après la photo de H.-C. Godefroy)

Si la Galerie a été conçue par l'architecte Ferdinand Dutert , c'est l'ingénieur Victor Contamin qui était responsable de la conception technique de la galerie, notamment des calculs assurant l'intégrité structurelle des immenses arches. Les critiques ont longtemps salué l'aspect ingénierie – et le travail de Contamin – de l'édifice, même si ultérieurement, on a reconnu à Dutert l'exploit d'avoir pu combiner habilement esthétisme et ingénierie.

1889_Le_montage_des_fermes_de_la_Galerie_des_machines

Le montage des fermes de la Galerie des machines en 1888
(gravure L. Hugel, in Charles-Lucien Huard, Livre d'or de l'Exposition. L. Boulanger, 1889)

L'Histoire a tendance à ne retenir de l'Expo de 1889 que la Tour Eiffel, mais la Galerie des machines aura su émerveiller les millions de visiteurs qui ont arpenté les allées sous sa haute voûte. Diverses attractions étaient d'ailleurs prévues pour admirer tant les inventions des exposants que la structure générale de l'édifice.

1889_Galerie des machines_interieur

Un belvédère avec ascenseur, pour admirer d'en haut la galerie dans toute sa longueur

1889_Galerie_des_machines

Un des ponts roulants qui permettaient de passer d'un côté à l'autre de l'édifice, au niveau des balcons intérieurs (le "promenoir des machines") qui flanquaient les côtés longs de l'édifice à 8 m de hauteur
(in Charles-Lucien Huard, Livre d'or de l'Exposition. L. Boulanger, 1889)

La Galerie des machines, après avoir servi pour l'Exposition universelle de 1900 – une immense salle de spectacle y fut installée au centre, pouvant accueillir 15000 personnes –, fut réutilisée par la suite comme vélodrome, avant que sa démolition ne soit finalement actée, en 1909-1910.

1900_salle des fêtes02

La salle des fêtes, au centre de la Galerie des machines, lors de l'Exposition universelle de 1900. Dans les deux côtés restants de la galerie fut installée, étonnament, la section Agriculture et aliments. Divers petits pavillons à l'architecture hétéroclite et rurale, illustrant la diversité des régions françaises, se dressaient sous l'immense voûte...

1910_Destruction galerie des machines

La destruction de la Galerie en 1910...

Plus d'infos (voir la page Références) :
» Paris et ses expositions universelles, collectif, Éditions du Patrimoine (catalogue de l'expo à la Conciergerie 2008-2009).
» Sur les traces des expositions universelles, Sylvain Ageorges, éditions Parigramme, 2006.
» Page Wikipedia française et anglaise

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23 février 2017

La Halle au blé (Bourse du commerce)

La Halle au blé est à l'origine un bâtiment circulaire en pierre bâti entre 1763 et 1767, à l'emplacement de l'Hôtel de Soissons (ou Hôtel de la Reine, dont il ne reste que la colonne de l'Astrologue, dite de Médicis, érigée en 1574 et toujours présente aujourd'hui). Son diamètre total était de 68 m, 25 arcades soutenaient une galerie à l'étage où étaient entreposés les grains.

1812_Halle au blé_voutes

Vue du grenier vouté de l'ancienne Halle au blé, avec un de ses deux escaliers à double révolution
(Jean-Claude Nattes, 1806)

Par manque de place, la cour était également utilisée pour entreposer les grains, et il est vite devenu nécessaire de la couvrir. On construisit alors une coupole en bois, montée en 1783 par Legrand et Molinos. Cette première coupole n'a pas duré longtemps : elle brûla en 1802. En 1807, il est décidé de bâtir une nouvelle structure, cette fois-ci en fer, qui sera édifiée en 1811-1812 par François-Joseph Bélanger et François Brunet. Construite avec des fermes de fer coulé et couverte de lames de cuivre (remplacées par des vitres en 1838), elle est l'une des structures métalliques les plus anciennes de Paris.

1812_Halle au blé

La Halle au blé avec sa nouvelle coupole
(Courvoisier, © National Maritime Museum, Greenwich, London, Herschel Collection)

1853_Halle-au-Ble_Paris-Corn-Exchange-

Plan en coupe de la halle au blé
(J. Bury, 1853)

Cette structure sera ensuite intégrée au projet des grandes Halles centrales de Victor Baltard et Félix Callet (1853), comme on peut le voir sur ce plan. À noter que les pavillons de Baltard ont été construits sur une longue période de temps, et que les deux pavillons jouxtant la halle au blé (à droite sur le plan), les derniers érigés de ce gigantesque chantier au coeur de Paris, datent en fait de 1935.

1863_plan-halle-au-ble_Baltard

Plan de l'intégration de la Halle au blé aux Halles centrales de Baltard, 1863
(Victor Baltard et Félix Callet, "Halles centrales, intégration de la Halle au blé au corps de l’ouest, 1863". Document restauré par Vergue.com)

Ravagée à nouveau par un incendie en 1854, la halle au blé, faute d'activité suffisante, ferme finalement en 1873. Elle est alors partiellement démolie : les arcades extérieures sont rasées, mais les murs intérieurs et la coupole sont conservées (cette dernière étant néanmoins un peu modifiée). C'est Henri Blondel qui se charge de l'édification de ce qui deviendra l'actuelle Bourse du commerce, en 1887-1889.

1887_demolition-halle-au-ble-1887

Démolition de la Halle au blé pour l'édification de la future Bourse du commerce, 1887
(Pierre Emonds, "Démolition de la Halle au blé, vue dans l’axe de l’ancienne rue Babille, 22 août 1887". Photo restaurée par Vergue.com)

La Bourse du commerce, actuellement inusitée, va désormais abriter, pour une concession de 50 ans, la fondation Pinault. Les travaux d'aménagement ont commencé, pour une ouverture prévue fin 2018. Cela permettra notamment de pouvoir profiter de cette vaste coupole métallique pas toute jeune.

2015_Halle au blé_Escape_Flickr

La coupole de la Bourse du commerce aujourd'hui
(photo par Pascal/Escape – Flickr )

Plus d'infos :
» Le site exceptionnel Vergue.com , qui propose des photos d'époque en haute résolution, restaurées et parfois retouchées quand cela est nécessaire, et des commentaires précis et pertinents pour chaque photo, accompagnés de plans, d'indicatons sur la prise de vue, etc. La page d'où sont tirées certaines des photos de cet article : ici .
» Article Wikipedia .
» Article du Monde sur la future implantation de la fondation Pinault à la Bourse du commerce.

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